L’an dernier, le GEP Documentation de l’académie de Versailles avait lancé un grand sondage auprès des enseignantes et enseignants de toute l’académie et des élèves de 5 bassins d’éducation afin d’estimer leurs usages réels des intelligences artificielles génératives de texte (IAGT).
Dans la synthèse des résultats de ce sondage, nous observions que nos élèves étaient presque tous au fait de l’existence des IAGT et que leur utilisation, encore marginale, augmentait significativement avec l’âge des élèves jusqu’à atteindre presque 1/4 d’utilisateurs réguliers chez les Terminale. Nous avions également noté que les élèves étaient également nombreux à utiliser les IAGT pour rechercher des informations, bien que leur confiance en ces outils soit très limitée.
Enfin, nous avions établi qu’en tant que groupe d’expérimentation pédagogique, notre rôle était également de « prendre les devants pour proposer des séquences pédagogiques intégrant des IAGT notamment dans un contexte de recherche d’information pour permettre aux élèves de vérifier les résultats obtenus et de porter un regard critique, et que cela devait être réalisé « sans omettre de former également les élèves au fonctionnement des IAGT afin de démystifier leur prétendue « intelligence » qui n’est que le résultat d’un anthropomorphisme à outrance ».
Par ailleurs, en début d’année, le dossier de présentation "Année scolaire 2024-2025 : l’École change la vie" présenté par Madame Nicole Belloubet, alors ministre de l’éducation nationale, définissait ainsi les objectifs pour relever les défis de l’intelligence artificielle :
- Créer les conditions d’une appropriation collective de l’IA et de ses enjeux afin de définir ensemble les conditions dans lesquelles elle s’insère dans le quotidien des classes ;
- Encourager une utilisation raisonnée de l’IA à partir de la 5e, sous contrôle de l’enseignant, en lien avec l’évolution des programmes ;
- Permettre à l’École d’assurer son rôle dans l’éducation aux médias et la compréhension des avantages et inconvénients des technologies.
Dans ce contexte, chaque membre du GEP Documentation a pu construire, expérimenter et évaluer une séance ou une séquence mettant en œuvre une IAGT au service des élèves :
- Nathalie Chêne, professeure documentaliste au collège Alain Fournier d’Orsay (91), a proposé une séquence de 5 heures en lien avec le chapitre de géographie sur le thème du sur-tourisme, intitulée « Perplexity versus la recherche en ligne : quel outil pour quel usage ? » ;
- Florian Cool, professeur documentaliste au collège Jean Zay de Verneuil-sur-Seine (78), s’est appuyé sur le futur programme d’Éducation Morale et Civique pour concevoir la séquence « Utiliser l’IA pour comprendre l’identité numérique et le droit à la vie privée » ;
- Bénédicte Doukhan, professeure documentaliste au lycée Albert Camus de Bois-Colombes (92), a élaboré une séquence pour apprendre aux lycéens de Terminale à rédiger une lettre de motivation pour alimenter leur dossier dans Parcoursup : « Rédiger sa lettre de motivation pour Parcoursup avec l’IA »
- Delphine Eyffert, professeure documentaliste au collège Guy de Maupassant à Houilles (78), a conçu une séquence « L’IA pour réviser » pour permettre à des élèves de 4e de concevoir, en fin de chapitre d’histoire sur l’industrialisation de l’Europe, des jeux de révisions à l’aide d’une IA générative ;
- Caroline Hernandez, professeure documentaliste au Lycée des métiers Jean Monnet à Montrouge (92), a réalisé une séquence pour accompagner des élèves de première année CAP couverture dans la « Création d’un chatbot pour réviser les conversions en CAP » ;
- Maxime Houdayer, professeur documentaliste au collège La Vaucouleurs de Mantes-la-Ville (78), a proposé à ses élèves, dans le cadre d’un atelier d’écriture au CDI, une découverte du fonctionnement de base des IA génératives de texte : « IA exquise, comprendre l’IAG de texte sans l’utiliser »
- Ervan Roussel, professeur documentaliste au lycée polyvalent Louis Jouvet de Taverny (95), a réalisé une séance pour permettre à des élèves de Seconde de « Comparer la recherche sur corpus et l’interrogation de l’IA »
Dans chacune de nos séances, nous avons rappelé aux élèves l’importance de considérer l’IA comme un simple outil (au même titre qu’une calculatrice ou un marteau), tout en démystifiant l’aspect "magique" de son fonctionnement.
Nous avons également tâché de lutter contre l’anthropomorphisation de l’IA, qui "favorise le marketing et encourage un transfert de confiance, facilitant ainsi l’intrusion dans les foyers et la vie privée ce qui devrait
être de l’ordre du risque inacceptable", comme l’explique Divina Frau-Meigs [1].
Cette anthropomorphisation est également véhiculée par les illustrations habituellement proposées : robots humanoïdes, cerveaux lumineux, mains robotiques tendues et couleur bleue (non seulement rassurante mais pouvant également suggérer une création "divine" de l’IA) à outrance. C’est la raison pour laquelle tous les articles publiés par le GEP Documentation cette année ont été illustrés avec des images issues du site Better Images for AI, qui se donne pour objectif de proposer des illustrations alternatives dépeignant de manière plus réaliste les technologies à l’œuvre ou encore les coûts écologiques et humains de l’IA.
Toutes ces images bénéficient d’une licence Creative Commons et sont donc facilement utilisables dans le respect des conditions définies par leur créatrice ou créateur.
Le GEP Documentation de l’académie de Versailles 2024-2025 : Nathalie Chêne, Florian Cool, Bénédicte Doukhan, Delphine Eyffert, Caroline Hernandez, Maxime Houdayer et Ervan Roussel. Pilote : Mme Lion, IA-IPR EVS.
Logo de l’article : Letter Word Text Taxonomy by Teresa Berndtsson, Better Images of AI (Licence Creative Commons BY 4.0)