Elaborer une politique documentaire en collège : exemple de réalisation au collège Jean Lurçat d’Achères.
Cécile Paoli, professeure documentaliste
La période de refonte du projet d’établissement est propice à l’élaboration d’une politique documentaire, qui fait partie du volet pédagogique. C’est l’occasion de susciter une réflexion collective sur l’acquisition et la mise à disposition des ressources ainsi que sur la formation des élèves, en particulier en EMI. Or ces questions sont bien souvent l’apanage du seul professeur documentaliste ! Le travail présenté ici a été mené sur la deuxième moitié de l’année scolaire 2018-2019, pour une mise en application à la rentrée 2019.
Comment impliquer l’équipe ?
La dimension collective de la réflexion n’est pas forcément facile à obtenir. S’il est évident que par ses compétences spécifiques, le professeur documentaliste a vocation à piloter le projet « politique documentaire », peu d’autres membres de la communauté éducatives se sentent fondés à donner leur avis, soit parce qu’ils ne se sentent pas concernés par les questions strictement documentaires, soit parce que, du point de vue pédagogique, ils font déjà beaucoup de choses au sein de leur discipline et ne ressentent pas la nécessité d’une progression commune en Education aux médias et à l’information, par exemple.
Dans l’établissement où j’exerce, j’ai choisi de mener la concertation autour de la politique documentaire de façon essentiellement numérique, sous la forme de deux sondages en ligne : l’un destiné aux personnels, l’autre aux élèves. Les personnels volontaires ont répondu au sondage ; quant aux élèves, environ un tiers des classes du collège a répondu à l’enquête en salle informatique. J’ai préféré réaliser une enquête rapide afin de récolter un maximum de réponses.
Quels indicateurs retenir ?
Dans le sondage, tous les champs de questionnement possibles n’ont donc pas été couverts. Je me suis concentrée sur des points qui ne pouvaient pas être évalués par d’autres indicateurs, en particulier le degré de satisfaction des usagers vis-à-vis de l’offre existante en ce qui concerne les espaces de travail et les ressources disponibles.
Les sondages ont été complété par une affiche collaborative complétée par les élèves qui fréquentent le CDI et par des échanges oraux en conseil pédagogique (mais il n’y a pas eu de conseil pédagogique spécifiquement dédié à cette réflexion). D’autres indicateurs ont été retenus pour le diagnostic, en particulier des indicateurs tirés du logiciel documentaire BCDI et des mesures de la fréquentation du CDI. J’ai pris soin de noter précisément les indicateurs analysés (parfois même l’équation de recherche précise dans BCDI) afin de pouvoir confronter les mesures du diagnostic à celles de l’évaluation finale de la politique documentaire.
Quels axes ?
Pour la rédaction proprement dite, il a fallu trouver des axes, des objectifs. Je me suis appuyée sur la réflexion en cours sur le projet d’établissement, sur les axes des projets de CDI précédents et de la politique d’acquisition/désherbage préalablement présentée au CA, et aussi sur ce que je me sentais professionnellement en mesure de proposer. L’écueil d’une politique documentaire fortement centrée sur le CDI et les projets du professeur documentaliste n’a pas été évité ici !
J’ai choisi de ne pas détailler la progression EMI de l’établissement dans la politique documentaire car elle reste à co-construire. J’ai préféré nous laisser un peu plus de temps et en faire un des objectifs de la politique documentaire. En effet, pour l’instant il existe une progression EMI mais elle est fortement centrée sur les projets menés au CDI et d’autres équipes (H-G-EMC par exemple) font aussi beaucoup d’EMI : il faut donc harmoniser les objectifs…
Mise en œuvre annuelle
Enfin, quid du projet annuel du CDI ? à cette rentrée scolaire 2019, sa rédaction a été grandement facilitée par l’existence d’une politique documentaire formalisée. J’en ai repris les grands axes et j’ai sélectionné les objectifs auxquels j’allais prioritairement m’atteler cette année, en y inscrivant les projets déjà formalisés à la rentrée. J’ai vraiment l’impression que cela me permet de mettre davantage en cohérence les projets menés et de ne pas « naviguer à vue » … même si je laisse la porte ouverte à un peu d’improvisation et de créativité au gré des projets et bonnes idées !