Intelligence artificielle et environnement

Retour d’expérience d’une séquence interdisciplinaire SVT et EMI en 3ème

Par Cécile Paoli, professeure documentaliste et Valérie Adam, professeure de Sciences de la Vie et de la Terre.
Collège Jean Lurçat, Achères.

Collège EMI EDD

lundi 5 mai 2025 , par cpaoli

Dans le cadre de l’Enseignement Pratique Interdisciplinaire (EPI) « Information et environnement » mené auprès de l’ensemble des classes de 3ᵉ générale de notre établissement, nous avons, avec Valérie Adam, professeure de SVT, conçu et animé une séquence intégrant éducation aux médias et à l’information (EMI) et sciences de la vie et de la Terre (SVT). Cette séquence s’inscrivait dans une progression annuelle initiée au premier trimestre par un travail de recherche documentaire en ligne sur le changement climatique. Elle visait à sensibiliser les élèves aux impacts environnementaux liés aux intelligences artificielles génératives et à développer leur capacité d’analyse critique face aux productions de ces outils.

L’EPI « information et environnement » est conduit depuis de nombreuses années au sein de notre établissement, avec des évolutions régulières liées en particulier aux évolutions des pratiques numériques et informationnelles de nos élèves. Intégrer l’IA dans l’EPI nous semblait indispensable pour deux raisons principales. D’une part, il s’agit d’un enjeu informationnel et environnemental incontournable, au cœur de la problématique de l’EPI. D’autre part, les productions que nous demandions aux élèves et qu’ils avaient la possibilité de terminer à la maison (de type exposé, préparation du script d’un podcast, etc) ne sont plus envisageables dans un contexte où de trop nombreux élèves sont tentés de les faire produire par une IA sans prendre le temps de la réflexion.

Objectifs pédagogiques

Cette séquence poursuivait deux objectifs complémentaires. En SVT, il s’agissait d’amener les élèves à comprendre les enjeux environnementaux associés à l’usage des intelligences artificielles génératives et à réfléchir à des pratiques numériques responsables. En EMI, l’accent était mis sur la manière dont la formulation d’une requête influence la réponse produite par ces outils, et sur l’importance d’un regard critique dans l’évaluation et l’exploitation des résultats obtenus.

Un cadre réfléchi et éco-responsable : travailler sur l’IA sans utiliser l’IA ?

Dans un souci de cohérence entre le propos de notre séquence et les activités proposées, nous souhaitions limiter l’empreinte environnementale de notre séance et donc ne pas multiplier les requêtes. Nous voulions également respecter le cadre réglementaire en matière de protection des données personnelles. Nous avons donc choisi de ne pas faire manipuler d’outils d’IA générative aux élèves. À la place, nous avons mis à leur disposition deux productions réalisées en amont par un agent conversationnel d’IA générative, associées à leurs contextes d’élaboration (formulation de la demande, date et outil utilisé). Ces documents étaient accessibles via nuage.apps.education par QR code ou en version imprimée selon les besoins.

Déroulement de la séquence

Travail préparatoire à la maison

La séquence débutait par un travail à distance sur la plateforme ELEA. Les élèves devaient suivre un parcours en ligne composé de deux exercices : un jeu d’appariement pour se familiariser avec le vocabulaire de l’intelligence artificielle et un texte à trous permettant de vérifier leur compréhension d’un article de l’ADEME consacré aux bonnes pratiques à adopter pour réduire l’impact environnemental des IA génératives.

Analyse critique en classe

Lors de la séance en présentiel, les élèves ont comparé deux réponses fournies par une IA générative à deux questions proches, mais formulées différemment :
• « Les IA génératives sont-elles un atout pour le climat ? »
• « Les IA génératives sont-elles un danger pour le climat ? »
À l’aide d’une fiche de consignes et d’une fiche d’indices mises à leur disposition, les élèves ont été invités à analyser les contenus, à identifier les différences de traitement et à mettre ces réponses en perspective avec les connaissances acquises lors du travail préparatoire. Cette activité visait à souligner l’impact de la formulation des questions sur les réponses obtenues et à encourager une posture critique face aux informations proposées.

Synthèse collaborative : devoir à la maison à rendre à la professeure de SVT.

En conclusion, les élèves ont réalisé, par petits groupes, une synthèse de leur réflexion sous un format libre : texte structuré, tableau comparatif, carte mentale ou infographie. Le document devait tenir sur un recto A4 et s’organiser autour de trois axes :
• Les avantages des intelligences artificielles génératives, en lien avec les questions environnementales et informationnelles.
• Leurs inconvénients sous les mêmes angles.
• Des recommandations pour un usage raisonné et critique.

Bilan et perspectives

L’ensemble des élèves a manifesté un intérêt réel pour cette séquence, tant par l’actualité du sujet que par la démarche d’analyse critique proposée. Cette séquence nous a permis de renforcer le travail mené depuis le début de l’année dans le cadre de l’EPI et de sensibiliser les élèves à l’impact environnemental du numérique.
Nous envisageons de renouveler cette séquence l’année prochaine, en approfondissant notamment la réflexion sur les usages réfléchis et éthiques des IA génératives.

Les ressources de la séquence (nouvelle fenêtre) : descriptif résumé, supports pour les élèves (nouvelle fenêtre).

Tester le parcours ELEA (nouvelle fenêtre).. Cliquer sur "utiliser mon compte académique".

Dans la même rubrique